L’Histoire de Joucas

On trouve trace « officielle » de Joucas dans une charte de l’Abbaye de Saint Victor à Marseille en 1055 (Castrum Joucas). Il paraitrait que le nom (comme celui de Jouques dans les Bouches-du-Rhône) serait d’origine prélatine et décrivait un site perché.

Joucas a appartenu au gré d’occupations ou de donations à des familles seigneuriales ou ecclésiastiques ; successivement aux Evêques d’Apt ou à des familles alliées dont les puissants d’Agoult-Simiane.

Au début du XIIIème siècle, ces derniers « donnèrent » le bien à l’ordre militaro-religieux des  « Hospitaliers Saint Jean De Jérusalem » devenu par  la suite « Ordre de Malte ».

Joucas sous les vaudois

L’histoire des Vaudois en Luberon est bien connue, mais de l’installation à la persécution à peine un siècle (milieu du XVème au milieu du XVIème siècles) s’écoula. La persécution – qui va marquer le début des guerres de religion – ne toucha pas trop Joucas, car l’ordre de Malte est très puissant. Mais la population dans sa grande majorité de confession vaudoise se tourna vers la Réforme…jusqu’à la révocation de L’Edit de Nantes où environ 300 personnes se « convertissent » au catholicisme : étaient-ils sincères ou les pressions politico-économiques suffisamment fortes ?

Bien sûr, dans ce pays protestant, les guerres de religion furent très dures et des deux côtés, des exactions furent commises (après le massacre des Vaudois par Maynier d’Oppède) ; et à Joucas dans le dernier tiers du XVIème siècle, le seigneur Commandeur fut assassiné et jeté dans un puis.

Joucas au 18e et 19e siècles

Juste avant la révolution, l’église actuelle fut construite (1755-1770) avec beaucoup de difficultés – financières – par le dernier prêtre qui représentait le dernier commandeur.

Après la révolution, nous avons un aperçu de la vie d’un village pauvre dont les ressources essentielles sont issues de la « montagne » : coupe de bois, coupe de buis. Le cadastre Napoléonien de 1811 montre le nombre restreint de maison et pourtant la population est d’environ 300 habitantsau XVIIIème siècle et culmine à 455 vers 1850. Les habitants quand ils sont commerçants ou artisans sont aussi agriculteurs. Sous le Second Empire, alors que la population commence à décroître, les conseils municipaux qui se succèdent ont une grande conscience du « progrès » qui arrive et demandent : le chemin de fer Cavaillon-Apt, une meilleure desserte en eau, en infrastructure, de voie de communication ; ensuite un service postal pour le village, le téléphone, l’électricité, etc…

L’attachement à l’école publique est une caractéristique d’une population originellement protestante : dès 1833, une école communale fonctionne avec la gratuité pour les familles les plus pauvres.

Du 20e à nos jours

Aujourd’hui : dès avant la guerre de 1914, le village ne comptait plus qu’environ 200 habitants et encore moins au début des années 1960 : dans le village même, il y avait beaucoup de maison en ruine et plus aucune maison neuve construite depuis la guerre de 1870.

L’arrivée des premiers résidents secondaires dans les années 60 allait renverser ce déclin.

Parallèlement, un groupe d’agriculteurs dynamiques, et grâce à la coopération, relancent les cultures maraichères en creusant des puits et en créant des réserves d’eau  pour irriguer pendant la saison sèche.

Leur démarche syndicale pour l’irrigation collective aboutit dans les années 80-90 (et actuellement) à ce que l’eau de la Durance traverse le Luberon grâce à un tunnel de 2 km 8 et a reverdi le paysage. La mondialisation des échanges est en train de mettre à mal cette agriculture.

Après le quasi-abandon des cultures maraichères (cours trop bas), le terroir de Joucas produit des vins AOC Ventoux : on les retrouve principalement dans des cuvées de domaines ou des cuvées de prestige à la cave de Lumières ; grâce à l’irrigation, des plantations compétitives de raisins de table (muscats AOC Ventoux) ont remplacé avantageusement melons, tomates et courgettes.

Le tourisme, par contre, et grâce à une préservation du paysage, est très actif à Joucas : nombreux gîtes ruraux, chambres d’hôtes et cinq hôtels offrent des possibilités de séjour et de découverte très appréciées.

L’ensemble du territoire de la commune est inscrit « à l’inventaire supplémentaire des sites » depuis 1978 et la commune fait partie de la zone périphérique du Parc Naturel Régional du Luberon.

Actuellement la population (résidents secondaires non compris) dépasse 300 habitants pour 800 ha de territoire dont la moitié de « montagne » non cultivée. Les agriculteurs sont très minoritaires par rapport aux artisans, hôteliers et aux employés, cadres ou ouvriers qui vont travailler à Apt, Cavaillon ou aux alentours.

Joucas a gardé son agence postale, son école à deux classes et la vie associative y est très active.